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L'administration au Moyen Age
  
 une époque difficile à
  préciser, une haute Cour de justice fut établie à Jalhay, lui conférant le titre de
  ville. Les echevins, les plus anciens à notre connaissance, siègeaient déjà en 1405.
  Selon I'usage établi dans la Principauté de Liège, la Cour se composait d'un « mayeur
  » et de sept échevins inamovibles, dont quatre étaient tenus de résider à Jalhay.
  C'était le prince-évêque qui les nommait. Plus tard, il laissa ce soin au gouverneur du
  Franchimont. Les assemblées se tenaient devant I'église. La séance était ouverte par
  le « mayeur » dressant la verge de justice, dite verge du seigneur. Cette dernière se
  trouve actuellement au « Musée de la vie wallonne » à Liège. La Cour était
  désservie par un greffier, des clercs, des sergents et des huissiers.
  En 1600, Jalhay put, à I'instar d'autres villes du Franchimont, nommer elle-même deux
  bourgmestres élus par le peuple. Elle choisit aussi ses propres echevins. La Cour de
  justice perdit de son influence quant à l'administration de la commune.
  Signalons encore que Surister avait sa propre Cour de justice et percevait ses propres
  redevances. Le seul perron ayant existé à Jalhay avait d'ailleurs été érigé en 1465
  à Surister.
  
  
  Les forges
  
n plus de l'agriculture,
  I'industrie du fer était également encouragée. Guidon d'Amblève, en 972 déjà,
  favorisa le commerce du fer, en exemptant des corvées et du service militaire les
  ouvriers des mines et des forges.
  A Jalhay, le rendement de cette industrie devint très important avec I'arrivée de Jean
  Groulart, premier du nom, français d'origine. Ce n'est pas un hasard si Messire Groulart
  échoua à Surister. II était maître de forges et certainement renseigné sur la
  richesse en minerai de la region.
  Bientôt, s'établirent tout le long de la Hoëgne, depuis Solwaster jusqu'à Royompré,
  Neufmarteau et Polleur, de nouvelles forges, des moulins à fer comme on les désignait à
  I'époque, des fonderies, des platineries, voire même une « argetterie ».
  Entre-temps, pour servir son exploitation, la famille Groulart avait fait l'acquisition de
  nombreuses terres appartenant aux propriétaires de la commune, surtout aux environs de
  Surister. Faut-il établir un rapport entre l'appellation « La petite France »
  attribuée aujourd'hui encore à ce hameau, et cette illustre famille d'origine française
  ?
  Les Groulart, en tout cas, furent présents au ban de 1419 à 1768. Grâce à cette
  nouvelle industrie, la région connut un regain de prospérité. De nombreuses scories
  furent encore retrouvées au XIXe siècle. Elles furent transportées et retravaillées à
  Membach et à Dolhain. De 1858 à 1861, Jalhay en fournit seul, à Membach, 2.700.000
  kilogrammes.
  
  Les siècles de malheur
  
  
ette industrie, hélas, ne fut pas toujours
  bénéfique pour le ban. Ainsi, en 1468, Charles le Téméraire, duc de Bourgogne, fit une
  incursion dans la région dans le but de détruire les forges où avaient été fondues
  des armes destinées aux Six cents Franchimontois.
  
  On se souvient de cet episode célèbre de notre histoire qui vit six cents braves du pays
  de Franchimont venir en aide à la ville de Liege en lutte contre le duc. Selon la
  tradition, leur chef était le Jalhaytois Georges de Strealle (ou Straihle).
  Strealle, en tout cas, est un toponyme de Jalhay, plus précisément de Charneux, dont
  Jules Feller a trouvé la trace dès 1580 dans les archives qu'il a consultées pour
  écrire la toponymie de notre village.
  
  Après les ravages dus au Téméraire, les localités de la principauté mirent un siècle
  à se relever. Celle-ci tomba d'ailleurs aux mains du duc qui en devint le souverain.
  L'évêque ne fut plus que gouverneur. Mais, sept ans après, Marie de Bourgogne, fille de
  Charles le Téméraire, rendit au prince-évêque ses prerogatives et fit ramener à
  Liège le Perron qui avait été transporté à Bruges. La principauté redevint un état
  indépendant.
  
  Mais cette indépendance devait coûter cher aux habitants de Jalhay. Sans cesse
  éprouvés par la présence de troupes étrangères, ils ne pouvaient compter sur le
  prince-évêque, impuissant à les défendre. Les guerres se succédèrent, avec leurs
  misères et leurs désastres. Jalhay les dut, en grande partie, au voisinage du duché de
  Limbourg, qui lui, à cette spoque, appartenait au Brabant. Notre sol fut foulé sans
  cesse par des bandes armées.
  Limbourg fut assiégé en 1578 puis en 1583 lorsque les Hollandais et les Espagnols se
  heurtèrent aux Français et aux Italiens. Notre village souffrit énormement ; I'église
  fut pilIée, les habitants abandonnèrent leur foyer à la soldatesque ; les bestiaux et
  les denrées servirent aux militaires. Cette seule annee, 102 habitants de notre village
  decédèrent.
  Par un mandement de 1587, le prince-évêque Ernest de Bavière fit un don à Jalhay pour
  aider les habitants à survivre.
  
  Pas d'amélioration au XVlle siecle, appelé d'ailleurs siècle de malheurs. Des troupes
  itinerantes, françaises, espagnoles, hongroises, hollandaises et même albanaises
  semblaient prendre nos regions pour leur grenier d'abondance.
  
  Mais le plus terrible assaut que Jalhay eut à subir fut, en 1647, celui des Lorrains,
  mercenaires de Louis XIV, commandés par le général Housse, de sinistre mémoire.
  Nonante maisons furent brûlées et il y eut beaucoup de victimes parmi les défenseurs du
  bourg, y compris des Sartois accourus à notre secours.
  
  En 1672, les troupes de Turenne et de Condé arrivèrent au Franchimont. En 1675, Condé
  attaqua Limbourg par Halou. Le maréchal franqais de Crequy arriva à Jalhay avec 6.000
  cavaliers et fantassins. Le bombardement de Limbourg commença le 10 mai. La forteresse
  tomba le 21. En 1680, Louis XIV annexa Jalhay qui fit partie, momentanement, du comté de
  Chiny.
  
  1685 fut une année de famine. Beaucoup de Jalhaytois, comme beaucoup de Sartois,
  s'expatrièrent pour ne pas être à charge de leur famille. Ils allèrent travailler dans
  les forges en Allemagne, à Wehr, près de Duren et à Schleiden.
  Les Etats de Liège se trouvaient dans I'impossibilité de protéger les communes.
  Comme on le constate, notre village souffrit énormement du passage des troupes
  étrangères attaquant Limbourg.
  
  En 1703, c'est un général anglais qui se présente à Jalhay, le très illustre John
  Churchill, duc de Marlborough (le fameux Malbrouck de la chanson).
  Voici dans quelles circonstances : le roi d'Espagne, Charles II venait de mourir sans
  enfant. Comme il était d'origine autrichienne et sa femme espagnole, ses états auraient
  dû être partagés entre I'Autriche et I'Espagne. Or, il les légua au duc d'Anjou,
  petit-fits de Louis XIV. Colère de I'Autriche et des Pays-Bas espagnols !
  
  Effrayée, la Hollande conclut avec I'Angleterre et la Suède une triple alliance. Ce fut
  Marlborough qui devint chef de I'armée. II avait sous ses ordres 25 bataillons et 40
  escadrons. Les alliés delogèrent les Français et les Espagnols de Limbourg le 22
  decembre 1703.
  
  J.-S. Renier relate que le duc fit tout son possible pour épargner Jalhay. Cette
  affirmation pourrait nous laisser sceptiques si nous n'avions appris que, pendant que son
  mari combattait, lady Marlborough sejournait au chateau de Vinalmont, près de Huy. Or, la
  famille Groulart de Jalhay était apparentee aux de Vinalmont, ce qui justifie l'attitude
  bienveillante du général anglais à I'égard de notre village.
  
  Ajoutons qu'un descendant de Marlborough fut un des héros de la 2e guerre mondiale. II
  s'agit de Winston Churchill né d'ailleurs à Blenheim Park (comté d'Oxford) dans le
  château de son illustre ancêtre.
  
  Après les siècles de malheur évoqués précédemment, notre region ne retrouva la paix
  que sous le règne de MarieThérèse d'Autriche (de 1740 à 1780).
  Elle favorisa I'industrie du drap à Verviers, créa des collèges thérésiens, comme
  celui de Herve et introduisit la plantation des sapins dans I'Hertogenwald.
  
  Mais en 1794, les Français se rendaient maîtres de la Belgique. En 1796, la Convention
  proclama l'incorporation de la principauté de Liege à la République française. Une
  partie de la principauté forma le département de I'Ourthe avec Liège comme chef-lieu.
  Jalhay fit partie du deuxième arrondissement.
  L'arbre de la liberté fut planté à Spa. L'abolition des dîmes fut proclamée.
  Mais la population de Jalhay, fortement en baisse, logée dans des chaumières, vivait
  toujours misérablement. L'état des finances du ban était lamentable à cause des
  impositions forcées (il fallut parfois lever dix tailles sur la même année) et de
  l'obligation de participer à la bonne tenue de la route Liège - Aix-la-Chapelle. Le
  service militaire général fut instauré et la conscription instituée.
  Les commissaires de guerre étaient impitoyables et réclamaient moutons et bêtes à
  cornes. Dix-huit chars et boeufs furent reclamés pour le transport du mobilier de
  I'hôpital de Spa à Stavelot, avec menaces de prison proférées à l'égard des
  municipaux s'ils ne satisfaisaient pas aux requisitions.
  Notre Cour de justice fut transférée à Malmedy sur les ordres de Napoléon qui y
  établit un tribunal de première instance. Ce transfert fut très défavorable à notre
  commune. Elle perdit son titre de ville ainsi que les hommes éclairés qui I'avaient
  toujours assistée de leurs lumières et de leur influence.
  La défaite de Napoléon, en 1815, allait encore bouleverser I'ordre établi. La Belgique
  fut réunie à la Hollande, juste le temps de s'en souvenir, car en 1830, les Belges se
  revoltèrent devant les injustices dont ils étaient les victimes et I'indépendance fut
  proclamée.
  Tant de maux endurés au long des siècles n'avaient pas abattu I'énergique volonté des
  Jalhaytois qui s'appliquèrent avec une ardeur remarquable à leurs rudes travaux
  agricoles et forestiers. Ils étaient libres et leur courage était à la mesure de la
  joie qu'ils éprouvaient.
  Hélas, en 1835, un incendie se déclara à la Chenerie et le feu, activé par un vent
  violent, eut vite raison des toits de chaume des habitations. En très peu de temps, le
  centre du bourg fut détruit. Soixante-sept maisons, I'église, la maison de ville,
  I'école, le château (toujours occupé par les descendants des Groulart) furent la proie
  des flammes. Le bourgmestre Gregoire fut admirable de courage et le curé Neuray se
  dépensa sans compter, après le désastre, pour aider les sinistrés. Les habitants des
  hameaux voisins se devouèrent egalement. Ils accueillirent chez eux des familles
  entières. Des souscriptions furent ouvertes par diverses communes belges ainsi que par
  les ouvriers des établissements Houget à Verviers et le « Journal » de Verviers. Le
  docteur Rutten offrit ses soins gratuits pendant un an, et le pharmacien Defooz en fit
  autant.
  La reine Marie-Louise, notre première reine, envoya une somme importante, prélevée,
  parait-il, sur sa cassette personnelle.
  Malgré cette nouvelle catastrophe, les Jalhaytois defièrent une fois encore le mauvais
  sort. Its relevèrent les maisons. Le château fut demoli et ses pierres utilisées pour
  les reconstructions. Un bas-relief de I'ancienne cheminée est encore visible à la
  boulangerie Sotrez, près de I'église. L'emplacement du château resta inoccupé de 1835
  à 1922, date à laquelle fut construit le magasin Delhaize, tenu actuellement par la
  famille Lemaître.
  
D'après E et G Vitrier, "Jalhay au passé et au
  présent".