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ivers indices laissent supposer que notre contrée fut habitée dès les temps anciens. On aurait retrouvé des monnaies romaines dans les scories des anciennes forges de la région, et des cités lacustres pourraient avoir existé en fagne. Les traces de la chaussée romaine, qui traversait le plateau de la Baraque Michel, semblent en tout cas une preuve de la domination romaine dans nos regions. La Via Mansuerisca - puisque c'est d'elle qu'il s'agit – reliait probablement Trèves à Maestricht. Son nom figure déjà dans un document de I'époque de Childeric, en 670. Le passage à travers la Fagne étant pratiquement impossible, à cause du sol marecageux, il fallut aménager un tron-çon de route adéquat, au moyen de gros rondins en chêne, recouverts de grosses pierres, puis de gravier. Au Vlle siecle, de nombreux missionnaires évangelisèrent notre pays et fondèrent diverses abbayes dont celle de Stavelot-Malmedy due à Saint Remacle. Ce dernier fit aussi ériger au Franchimont les églises de Theux, Sart et Verviers dites églises mères. De Sart, dependirent bientôt deux églises filiales à savoir Spa et Jalhay. Dans notre village, ce ne fut d'abord qu'une chapelle dont I'autel était dédié à Saint Michel. Elle était desservie par le curé de Sart. Ce n?est qu'en 1514 que Jean Groulart fit construire une église qui devint paroissiale, avec un des- servants particulier. Elle porta le nom d'église Saint-Michel en souvenir de la premiere chapelle.
A l'époque où Saint Remacle faisait ériger les églises au Franchimont, Charles Martel fondait diverses seigneuries dans la region, notamment celles de Sart, de Jehanster, de Trois-Fontaines et de Surister en 717. En fait, il semble bien que Jalhay ait toujours suivi les des-tinées du Franchimont dont Charlemagne avait fait un domaine de chasse. Jaloux de son territoire, il n'encoura-gea guère les gens à s'y établir.

Dans son " Histoire du ban de Jalhay" , J.-S. Renier affirme qu'un des premiers endroits connus de notre village portait le nom de « chiennerie », peut-être parce que les chiens de chasse y étaient logés et nourris lorsque des battues étaient organisées au ban.
Cette affirmation demande bien sûr confirmation, mais le toponyme " Tchin'ri" (Chienerie) semble dérivé de « chien » plutôt que de chêne .
La terre de Franchimont fut donnée en 1012 au prince évêque de Liege par Zwentibold, roi de Lotharingie. II lui abandonna en même temps son droit de chasse. Or, le prince-évêque ne chassait pas. Au lieu de protéger le gibier, il s'attacha à faire défricher et cultiver son domaine. Il accorda la liberté complète aux gens qui acceptaient de s'y établir. II n'y eut jamais de serfs au pays de Franchimont.
Bientôt, on se mit à essarter, à défricher, à ensemencer. Ces terres cultivées devinrent la propriété des habitants. Elles furent nommees « acquis du seigneur » d'où les toponymes I'acwi à Werfaz, Bolimpont, Piron-Cheneux dont un scribe, peut-être émèché, a fait la "cuite".
Les familles eurent aussi le droit limité de couper du bois dans les forêts. En paiement, ils devaient fournir chaque année des redevances au prince. Au début, ce dernier ne réclamait pas d'argent, mais des redevances en nature: avoine, poules, oeufs, bois de chauffage, truites et gibier.
Dans la suite, au moment de toutes les invasions étrangères, les paiements se faisaient en argent. II fallait fourbir les armes et lever des armées. Mais, en 1500, il y avait trop de déboisements et ordre fut donné d'arrêter. Un écrit de l'époque mentionne « Le territoire de Jalhay, quand il est labouré un an pour la moisson, il faut le laisser retourner à bois, haies ou bruyères et I'y laisser pour cinquante à soixante ans, comme il s'est trouvé dans le fief de Surister ». La promulgation de cet édit est I'origine de toutes les heids, haies dont on trouve encore de nombreuses traces dans la toponymie : hé Bayard, hé de Foyr, Belle hé, Djohé, Morèhé, haie Lepouille, haies Raquet, haie Henkinet, haie Vinaimont, haie du procureur, etc.

L'administration au Moyen Age

une époque difficile à préciser, une haute Cour de justice fut établie à Jalhay, lui conférant le titre de ville. Les echevins, les plus anciens à notre connaissance, siègeaient déjà en 1405.
Selon I'usage établi dans la Principauté de Liège, la Cour se composait d'un « mayeur » et de sept échevins inamovibles, dont quatre étaient tenus de résider à Jalhay. C'était le prince-évêque qui les nommait. Plus tard, il laissa ce soin au gouverneur du Franchimont. Les assemblées se tenaient devant I'église. La séance était ouverte par le « mayeur » dressant la verge de justice, dite verge du seigneur. Cette dernière se trouve actuellement au « Musée de la vie wallonne » à Liège. La Cour était désservie par un greffier, des clercs, des sergents et des huissiers.
En 1600, Jalhay put, à I'instar d'autres villes du Franchimont, nommer elle-même deux bourgmestres élus par le peuple. Elle choisit aussi ses propres echevins. La Cour de justice perdit de son influence quant à l'administration de la commune.
Signalons encore que Surister avait sa propre Cour de justice et percevait ses propres redevances. Le seul perron ayant existé à Jalhay avait d'ailleurs été érigé en 1465 à Surister.


Les forges

n plus de l'agriculture, I'industrie du fer était également encouragée. Guidon d'Amblève, en 972 déjà, favorisa le commerce du fer, en exemptant des corvées et du service militaire les ouvriers des mines et des forges.
A Jalhay, le rendement de cette industrie devint très important avec I'arrivée de Jean Groulart, premier du nom, français d'origine. Ce n'est pas un hasard si Messire Groulart échoua à Surister. II était maître de forges et certainement renseigné sur la richesse en minerai de la region.
Bientôt, s'établirent tout le long de la Hoëgne, depuis Solwaster jusqu'à Royompré, Neufmarteau et Polleur, de nouvelles forges, des moulins à fer comme on les désignait à I'époque, des fonderies, des platineries, voire même une « argetterie ».
Entre-temps, pour servir son exploitation, la famille Groulart avait fait l'acquisition de nombreuses terres appartenant aux propriétaires de la commune, surtout aux environs de Surister. Faut-il établir un rapport entre l'appellation « La petite France » attribuée aujourd'hui encore à ce hameau, et cette illustre famille d'origine française ?
Les Groulart, en tout cas, furent présents au ban de 1419 à 1768. Grâce à cette nouvelle industrie, la région connut un regain de prospérité. De nombreuses scories furent encore retrouvées au XIXe siècle. Elles furent transportées et retravaillées à Membach et à Dolhain. De 1858 à 1861, Jalhay en fournit seul, à Membach, 2.700.000 kilogrammes.


Les siècles de malheur

ette industrie, hélas, ne fut pas toujours bénéfique pour le ban. Ainsi, en 1468, Charles le Téméraire, duc de Bourgogne, fit une incursion dans la région dans le but de détruire les forges où avaient été fondues des armes destinées aux Six cents Franchimontois.

On se souvient de cet episode célèbre de notre histoire qui vit six cents braves du pays de Franchimont venir en aide à la ville de Liege en lutte contre le duc. Selon la tradition, leur chef était le Jalhaytois Georges de Strealle (ou Straihle).
Strealle, en tout cas, est un toponyme de Jalhay, plus précisément de Charneux, dont Jules Feller a trouvé la trace dès 1580 dans les archives qu'il a consultées pour écrire la toponymie de notre village.

Après les ravages dus au Téméraire, les localités de la principauté mirent un siècle à se relever. Celle-ci tomba d'ailleurs aux mains du duc qui en devint le souverain. L'évêque ne fut plus que gouverneur. Mais, sept ans après, Marie de Bourgogne, fille de Charles le Téméraire, rendit au prince-évêque ses prerogatives et fit ramener à Liège le Perron qui avait été transporté à Bruges. La principauté redevint un état indépendant.

Mais cette indépendance devait coûter cher aux habitants de Jalhay. Sans cesse éprouvés par la présence de troupes étrangères, ils ne pouvaient compter sur le prince-évêque, impuissant à les défendre. Les guerres se succédèrent, avec leurs misères et leurs désastres. Jalhay les dut, en grande partie, au voisinage du duché de Limbourg, qui lui, à cette spoque, appartenait au Brabant. Notre sol fut foulé sans cesse par des bandes armées.
Limbourg fut assiégé en 1578 puis en 1583 lorsque les Hollandais et les Espagnols se heurtèrent aux Français et aux Italiens. Notre village souffrit énormement ; I'église fut pilIée, les habitants abandonnèrent leur foyer à la soldatesque ; les bestiaux et les denrées servirent aux militaires. Cette seule annee, 102 habitants de notre village decédèrent.
Par un mandement de 1587, le prince-évêque Ernest de Bavière fit un don à Jalhay pour aider les habitants à survivre.

Pas d'amélioration au XVlle siecle, appelé d'ailleurs siècle de malheurs. Des troupes itinerantes, françaises, espagnoles, hongroises, hollandaises et même albanaises semblaient prendre nos regions pour leur grenier d'abondance.

Mais le plus terrible assaut que Jalhay eut à subir fut, en 1647, celui des Lorrains, mercenaires de Louis XIV, commandés par le général Housse, de sinistre mémoire. Nonante maisons furent brûlées et il y eut beaucoup de victimes parmi les défenseurs du bourg, y compris des Sartois accourus à notre secours.

En 1672, les troupes de Turenne et de Condé arrivèrent au Franchimont. En 1675, Condé attaqua Limbourg par Halou. Le maréchal franqais de Crequy arriva à Jalhay avec 6.000 cavaliers et fantassins. Le bombardement de Limbourg commença le 10 mai. La forteresse tomba le 21. En 1680, Louis XIV annexa Jalhay qui fit partie, momentanement, du comté de Chiny.

1685 fut une année de famine. Beaucoup de Jalhaytois, comme beaucoup de Sartois, s'expatrièrent pour ne pas être à charge de leur famille. Ils allèrent travailler dans les forges en Allemagne, à Wehr, près de Duren et à Schleiden.
Les Etats de Liège se trouvaient dans I'impossibilité de protéger les communes.
Comme on le constate, notre village souffrit énormement du passage des troupes étrangères attaquant Limbourg.

En 1703, c'est un général anglais qui se présente à Jalhay, le très illustre John Churchill, duc de Marlborough (le fameux Malbrouck de la chanson).
Voici dans quelles circonstances : le roi d'Espagne, Charles II venait de mourir sans enfant. Comme il était d'origine autrichienne et sa femme espagnole, ses états auraient dû être partagés entre I'Autriche et I'Espagne. Or, il les légua au duc d'Anjou, petit-fits de Louis XIV. Colère de I'Autriche et des Pays-Bas espagnols !

Effrayée, la Hollande conclut avec I'Angleterre et la Suède une triple alliance. Ce fut Marlborough qui devint chef de I'armée. II avait sous ses ordres 25 bataillons et 40 escadrons. Les alliés delogèrent les Français et les Espagnols de Limbourg le 22 decembre 1703.

J.-S. Renier relate que le duc fit tout son possible pour épargner Jalhay. Cette affirmation pourrait nous laisser sceptiques si nous n'avions appris que, pendant que son mari combattait, lady Marlborough sejournait au chateau de Vinalmont, près de Huy. Or, la famille Groulart de Jalhay était apparentee aux de Vinalmont, ce qui justifie l'attitude bienveillante du général anglais à I'égard de notre village.

Ajoutons qu'un descendant de Marlborough fut un des héros de la 2e guerre mondiale. II s'agit de Winston Churchill né d'ailleurs à Blenheim Park (comté d'Oxford) dans le château de son illustre ancêtre.

Après les siècles de malheur évoqués précédemment, notre region ne retrouva la paix que sous le règne de MarieThérèse d'Autriche (de 1740 à 1780).
Elle favorisa I'industrie du drap à Verviers, créa des collèges thérésiens, comme celui de Herve et introduisit la plantation des sapins dans I'Hertogenwald.

Mais en 1794, les Français se rendaient maîtres de la Belgique. En 1796, la Convention proclama l'incorporation de la principauté de Liege à la République française. Une partie de la principauté forma le département de I'Ourthe avec Liège comme chef-lieu. Jalhay fit partie du deuxième arrondissement.
L'arbre de la liberté fut planté à Spa. L'abolition des dîmes fut proclamée.
Mais la population de Jalhay, fortement en baisse, logée dans des chaumières, vivait toujours misérablement. L'état des finances du ban était lamentable à cause des impositions forcées (il fallut parfois lever dix tailles sur la même année) et de l'obligation de participer à la bonne tenue de la route Liège - Aix-la-Chapelle. Le service militaire général fut instauré et la conscription instituée.
Les commissaires de guerre étaient impitoyables et réclamaient moutons et bêtes à cornes. Dix-huit chars et boeufs furent reclamés pour le transport du mobilier de I'hôpital de Spa à Stavelot, avec menaces de prison proférées à l'égard des municipaux s'ils ne satisfaisaient pas aux requisitions.
Notre Cour de justice fut transférée à Malmedy sur les ordres de Napoléon qui y établit un tribunal de première instance. Ce transfert fut très défavorable à notre commune. Elle perdit son titre de ville ainsi que les hommes éclairés qui I'avaient toujours assistée de leurs lumières et de leur influence.
La défaite de Napoléon, en 1815, allait encore bouleverser I'ordre établi. La Belgique fut réunie à la Hollande, juste le temps de s'en souvenir, car en 1830, les Belges se revoltèrent devant les injustices dont ils étaient les victimes et I'indépendance fut proclamée.
Tant de maux endurés au long des siècles n'avaient pas abattu I'énergique volonté des Jalhaytois qui s'appliquèrent avec une ardeur remarquable à leurs rudes travaux agricoles et forestiers. Ils étaient libres et leur courage était à la mesure de la joie qu'ils éprouvaient.
Hélas, en 1835, un incendie se déclara à la Chenerie et le feu, activé par un vent violent, eut vite raison des toits de chaume des habitations. En très peu de temps, le centre du bourg fut détruit. Soixante-sept maisons, I'église, la maison de ville, I'école, le château (toujours occupé par les descendants des Groulart) furent la proie des flammes. Le bourgmestre Gregoire fut admirable de courage et le curé Neuray se dépensa sans compter, après le désastre, pour aider les sinistrés. Les habitants des hameaux voisins se devouèrent egalement. Ils accueillirent chez eux des familles entières. Des souscriptions furent ouvertes par diverses communes belges ainsi que par les ouvriers des établissements Houget à Verviers et le « Journal » de Verviers. Le docteur Rutten offrit ses soins gratuits pendant un an, et le pharmacien Defooz en fit autant.
La reine Marie-Louise, notre première reine, envoya une somme importante, prélevée, parait-il, sur sa cassette personnelle.
Malgré cette nouvelle catastrophe, les Jalhaytois defièrent une fois encore le mauvais sort. Its relevèrent les maisons. Le château fut demoli et ses pierres utilisées pour les reconstructions. Un bas-relief de I'ancienne cheminée est encore visible à la boulangerie Sotrez, près de I'église. L'emplacement du château resta inoccupé de 1835 à 1922, date à laquelle fut construit le magasin Delhaize, tenu actuellement par la famille Lemaître.

 

D'après E et G Vitrier, "Jalhay au passé et au présent".